:.. Le vent tourbillonnait et une feuille morte vint se bloquer contre un trottoir, incapable de repartir. Il faisait froid. Cork était une ville près de la mer et subissait de nombreuses brises. Nous étions un samedi. Eanna était chez sa tante et notre cher Byron attendait sagement en bas de l’immeuble qu’il comptait louer, ses pensées un peu parties dans un monde qui ne connaissait pas le froid. Il avait eu plusieurs appels pour son appartement. Exposition sud-est, spacieux, lumineux, meublé, avec deux chambres, plutôt neuf avec wifi intégré. Il avait de quoi plaire à n’importe quel acheteur. Il regarda sur son smartphone le nom du prochain visiteur : Mark Hellstorm. Un nom extraordinaire s’il en était, c’était digne d’un personnage de roman.

:.. Il resserra son duffle-coat. Ce n’était pas une très belle journée il fallait le dire, les nuages gris planaient au dessus d'eux et menaçaient de pleuvoir. Il laissa ses pensées dériver vers sa fille et sa future femme. Les deux blondinettes s’étaient bien entendues et Eanna n’arrêtait pas de lui parler d’Eira. Surtout depuis que cette dernière lui avait promis de lui apprendre à jouer du piano et de l’emmener à l’aquarium. Il sourit à cette idée. Byron était un homme heureux comme on en voit rarement. Il fallait dire qu’il avait été peu ébranlé par la vie et avait toujours persévéré jusqu’à la réussite. Ses livres aujourd’hui se vendaient comme des petits pains et même s’il avait toujours peur qu’un jour sa littérature ne plaise plus l’argent n’était pas un souci pour lui. C’était pour cela qu’il proposait cet appartement à un prix plutôt modique, de quoi rembourser les intérêts en cours mais pas vraiment plus que ça. Pour lui, c’était plutôt un passe-temps, l’occasion de sortir de son bureau et de sa vie de famille et de s’ouvrir aux autres. Son téléphone sonna, c'était M. Hellstorm.

- Oui Monsieur ? Oui, c’est bien le numéro 23, je suis en bas. Oui c’est moi avec le manteau noir. Ah oui, je vous vois aussi ! A tout de suite.

:.. Il vit arriver un grand brun de belle stature, il avait un visage de star de télévision. Byron n’avait jamais été sensible aux charmes des hommes mais il détaillait toujours les nouveaux visages et les façons de chacun afin de nourrir ses écrits. Il fit un large sourire à l’homme qui arrivait et lui tendit ma main. Une poignée de main ferme et amicale mais fraiche. Mark n’était pas en retard mais Byron avait fini sa visite précédente plus vite qu’il ne le pensait.

- Byron McClain, enchanté. On y va ?

:.. Déclara-t-il en lui ouvrant la porte et l’invitant à rentrer. Le hall était propre et une dizaine de boites aux lettres ornaient un pan du mur. C’était un petit immeuble avec des appartements assez neufs. Byron appuya sur le bouton de l'ascenseur pour l'appeler.

- Vous êtes nouveau alors sur Cork M. Hellstorm ?

Jetant un regard furtif à sa montre, il enfonça davantage ses mains dans la poche de son manteau alors qu'il avançait parmi la foule. Il y avait du monde dans les rues de Cork, malgré le temps mitigé. Habitué aux petites villes depuis qu'il avait posé ses valises à Lamerick, il y a quelques années, ça lui faisait bizarre de se retrouver dans une plus grande ville. Il y avait de l'animation bien que tout était relatif. Après une longue discussion avec ses collègues, Mark avait pris la décision de chercher un appartement à louer. Sa fille était en ville et l'architecte n'avait aucune envie de laisser l'occasion à Scotty de la lui enlever une nouvelle fois. Il s'était donc mis en tête de trouver quelque chose. Ce ne serait pas pratique pour le boulot, il devra certainement repartir de temps à autres à Lamerick pour donner un coup de main à Angie et Andrew mais soit... Il était prêt à tous les sacrifices pour retrouver une place dans la vie d'Emily.

Ne connaissant pas très bien la ville, il commença à douter du numéro auquel se trouvait l'appartement qu'il devait visiter. Appelant le propriétaire alors qu'il arrivait dans la rue, un mince sourire se dessina sur ses lèvres alors que ce dernier lui confirma le numéro et apparût même dans son champs de vision. S'approchant, il le salua d'une poignée de mains fermes.

« Mark Hellstorm, tout le plaisir est pour moi ! Je vous suis... »

Il détailla quelques secondes le propriétaire. Le parfait représentant d'un homme BCBG mais peu lui importait le physique du propriétaire, tant que l'appartement répondait à ses attentes. Il n'était pas vraiment difficile mais il avait des critères qui n'étaient pas négociable. Entrant dans le hall, il observa ce dernier alors que le propriétaire le questionna, voulant meubler la discussion certainement.

« Je vous en pries, appelez moi Mark ! Mr Hellstorm, ça fait un peu trop vieux pour moi. Et sinon, oui, je suis en ville depuis quelques semaines ! Pour affaire... »

Il ne voulait pas épiloguer sur la question avec un inconnu. C'était plus qu'une simple affaire pour qu'il se retrouve à chambouler son quotidien à ce point. Ils grimpèrent dans l'ascenseur et il laissa McClain appuyer sur le bouton correspondant à l'étage.

« C'est ma troisième visite aujourd'hui, j'espère que celle-ci sera la bonne ! En tout cas, la description était éloquente. »

:.. Il lui demandait de l'appeler par son prénom.... Mark... Ah ce prénom lui appelait de mauvais souvenir, mais passons. De toutes façons il n'avait pas l'intention de lui demander s'il connaissait une certaine Jessica et puis ce jeune homme propre sur lui n'avait pas l'air d'être du genre violent, bien que cela ne se lise généralement pas sur le visage des gens. Bref. Là pour affaires ? Hum... Ca ne présageait rien de bon sur son temps de présence à Cork... Mais bon après tout ce n'était pas un problème pour louer les appartement dans cette petite ville. Les appartements dans le centre étaient très demandés.

:.. La troisième visite, il était en recherche active en effet. Byron espérerait que son appartement plaise. Entre les deux locataires il avait fait changer le matelas et avait refait la peinture dans la chambre-bureau, le couple qui y habitait l’avait quelque peu abimé. L’ascenseur arriva direction le 4e étage. Ils pouvaient prendre l’escalier mais le but n’était pas de perdre du temps inutilement non plus. Byron aimait le silence en général mais lorsqu’il s’agissait de vendre, il fallait bien parler et mettre en valeur le produit.

- Oui c’est un bel appartement. C’est au dernier étage. Vous y serez bien. L’immeuble est plutôt calme, ce sont plutôt des couples sans enfants ou des personnes célibataires qui y habitent.

:.. Les portes s’ouvrirent et les lumières dans le couloir s’allumèrent d’elles même par détection automatique. Il y avait 3 portes. Appartement n°12. Le jeune écrivain sortit ses clefs et ouvrit la porte. Laissant le visiteur pénétrer en premier dans les lieux.

- Vous verrez que l’appartement a été entièrement refait il y a un an lors de l’acquisition.

:.. Byron rentra à son tour dans l’appartement. Ce que l’on voyait en premier c’était un couloir carrelé qui débouchait sur la salle de séjour baignée de lumière à cette heure. Il posa son manteau sur une patère dans le couloir. Sous celui-ci il était en jean pull fin et faisait tout à coup beaucoup moins imposant. Il entreprit du coup de montrer un peu les lieux et ouvrit la porte sur une pièce blanche avec un parquet ciré avec un double fait et une petite table de nuit. Au fur et à mesure qu’il montrait il ouvrait les placards.

- Donc ! Ici c’est la première chambre. Comme vous voyez il y a une penderie assez large, une commode, un bureau avec une chaise et des étagères. Voilà. Vous avez aussi des prises ici, là et là ! Donc il y a une couette et deux oreillers mais c’est vous qui amenez vos draps. Hum… Le matelas vient juste d’être changé. Donc cette fenêtre est exposée sud-est et donc vous avez de la lumière le matin. Il y a un volet déroulant ce qui vous permet de dormir dans le noir complet si vous le souhaitez. Si vous avez des questions je vous en prie.

:.. Byron avait déjà répété ça plusieurs fois depuis ces deux derniers jours qu’il faisait visiter. Il avait déjà des offres mais il préférait aller au bout de ses visites programmées avant de louer l’appartement. Il fit au jeune homme un second large sourire.

Mark était pensif, il espérait vraiment que cet appartement serait le bon. Il en avait assez de l'hôtel et même s'il avait les moyens, il commençait à y laisser des plumes. Qui plus est, il lui serait impossible d'inviter Emily s'il n'avait pas un appartement avec une chambre pour la petite. Il savait que Scotty utiliserait cet argument pour le dissuader de voir Emily dans un autre endroit que leur appartement. Et s'il voulait vraiment recréer un lien avec sa fille, Scotty ne devait pas se trouver dans leurs pattes tout le temps. Grimpant dans l'ascenseur, celui-ci les amena au quatrième étage. Il hocha la tête lorsque le propriétaire décrit l'immeuble. C'était parfait même si la présence d'enfants ne l'aurait pas dérangé au contraire.

« C'est parfait ! Le dernier appartement que j'ai visité se trouvait dans un immeuble semblable sauf qu'on entendait les voisins se disputer lors de la visite... »

Un moment embarrassant pour le propriétaire mais amusant pour Mark. De toute façon, l'autre appartement manquait d'espace pour l'architecte et il y avait de trop nombreux travaux à faire et il n'en avait pas spécialement les moyens. Arrivant à destination, ils sortirent de l'habitacle et Mark suivit McClain jusqu'à l'appartement en question. Une fois la porte ouverte, il entra dans le hall. Ses yeux se posèrent sur les murs et la décoration comme tout bon architecte d'intérieur. Effectivement il semblait être neuf. Se laissant guider, il observait chaque pièce avec intérêt, notant deux ou trois défauts par ci par là mais des trois appartements, celui-ci semblait être le mieux.

« L'annonce ne mentait pas, il est magnifique ! J'aime beaucoup par contre, j'aurais effectivement des questions. »

Comme tout bon client, il ne voulait pas se faire avoir ou avoir de mauvaises surprises. Mark travaillait aussi dans le commerce et il connaissait les pièges à éviter ou les questions à poser.

« Est-ce que les travaux sont autorisés ? Par travaux, j'entends la décoration, que ce soit les meubles, la peinture ou autre. Voyez vous, je suis architecte d'intérieur alors la décoration, c'est mon dada. »

A première vue, il n'y aurait pas grand chose à changer mais il avait des meubles dans son appartement à Lamerick, qu'il aimerait rapatrié ici. Il se doutait qu'il ne serait pas le seul sur l'affaire mais autant être fixé tout de suite plutôt que de se faire de fausses illusions.

« Bien entendu, les meubles vous seront restitués et les changements seront à mes frais. C'est juste que j'aimerais m'en faire un petit cocon, vous voyez ! Et je ne changerais pas tant de choses que ça. En ce qui concerne le prix, est-ce que le tarif affiché dans l'annonce prenait en compte l'eau, l'électricité ? »

:.. Byron rit doucement lorsqu’il entendit la remarque sur les voisins. Ah, bah ça la vie d’appartement… Normalement c’était bien insonorisé mais il pouvait toujours y avoir des bruits de vie de l’immeuble quand même. On n’y vivait pas à l’écart du monde non plus. Les appartements n’étaient pas des souterrains antiatomiques non plus. Byron le fit circuler, lui montra la cuisine ouverte et la salle de bain propre. Il écouta les questions de Mark, qui étaient toutes naturelles.

- Et bien par rapport aux travaux si vous cassez des murs je souhaiterais en être avisé mais sinon, je vais pas jouer mon propriétaire relou si vous avez envie de le personnaliser à votre charge il n’y a aucun souci. Je pense que vous vous y connaissez bien mieux que moi.

:.. Architecte d’intérieur. Ca c’était un job intéressant. C’était d’autant plus intéressant que chez lui c’était tristounet à mourir et qu’il allait bientôt y accueillir sa femme et son enfant. Bien sûr c’était rempli de breloques de ses voyages mais niveau déco ce n’était vraiment pas ça. En même temps, ce n’était pas vraiment son kiffe de décorer. Lorsqu’il rentrait chez lui et qu’il avait fini de s’occuper de sa fille adorée, il se mettait sur son ordinateur et ne regardais plus où il devait poser un cadre ou comment changer la couleur des murs.

- Enfin, je préférerais que vous m’avertissiez des travaux lourds pour que je sache mais vous m'envoyez un mail et puis c'est tout. Après c’est chez vous ! Sinon pour le loyer c’est tout compris. C’est plus simple pour vous et pour moi.

:.. Byron avait déjà galéré pour avoir des apparts à une époque où il n’était qu’un jeune fou plein de projets et payer l’électricité tout ça… Aujourd’hui qu’il était propriétaire il avait envie de rendre l’ascenseur. De plus près on se rendait compte que les apparts de Byron étaient surtout là pour faire du patrimoine plus que pour se faire un salaire complémentaire. Il montra la dernière chambre qui était plus une chambre d’enfant dans les tons parmes avec un lit simple et une petite commode en bois.

- Cette chambre a été pensée pour accueillir un enfant mais vous pouvez très bien la transformer en bureau, en salle de musique ou en bibliothèque, comme vous le souhaitez.

:.. Lui-même avait une maison remplie de livres. Un salon entouré d’étagères et un bureau rempli livres. Pas très ergonomique mais il avait lu et relu la plupart des livres présents et il ne savait plus comment stocker.

- Au fait ça vous dérangerait de me donner votre carte ? J'ai une maison en banlieue et ça m'intéresserait bien de la faire redécorer, tout ça... Je donnerai ça à ma femme, elle sera contente, je pense. Vous inquiétez pas, je vous appellerais même si vous ne prenez pas l'appart !

:.. Et voilà, Byron commençait à devenir contre productif. "Lui dit pas de ne pas prendre l'appart débile ^^" commença-t-il à penser. Mais bon c'est pas grave. Après tout ce n'est pas la fin du monde s'il ne le prend pas.

- Et puis pendant que j'y pense, l'appartement est disponible dès maintenant si vous voulez.

L’appartement était lumineux, plutôt bien orienté. Il était spacieux et immédiatement, Mark commençait à imaginer une certaine organisation des pièces, que ce soit le salon, la chambre… Depuis qu’il avait commencé son boulot d’architecte d’intérieur, c’était une manie lorsqu’il rentrait chez quelqu’un. Il avait une idée bien précise de ce qu’il cherchait mais les gens avaient parfois des idées un peu saugrenues auquel il devait se plier. Visitant une des deux chambres, le propriétaire lui demanda s’il avait des questions et bien évidemment, Mark en avait. Comme tout bon client, il avait des questions sur pas mal de sujets dont une qui allait peut-être surprendre McClain. Il sourit lorsque ce dernier lui demanda de le prévenir s’il cassait un mur. A première vue, il s’agissait de murs porteurs pour la plupart. Autant dire qu’en détruire un, était du suicide. A moins de le remplacer par une poutre…

« Ne vous inquiétez pas, je ne compte rien casser du tout ! Juste peut-être un coup de pinceau ici et là, voire à la rigueur changer le sol mais dans ce cas, je vous préviendrais il n’y a pas de soucis. »

C’était déjà une bonne chose de faite. Certes, son besoin d’appartement était urgent mais il ne pouvait pas vivre dans un endroit où il ne se sentirait pas chez lui. Et pour ça, il avait besoin de se créer son univers. Lorsqu’ils vivaient à Lamerick, avec Scotty, ce dernier s’était moqué de lui en le voyant prévoir des tas de choses lorsqu’ils avaient emménagé ensemble et au final, il avait dû reconnaître que ça lui plaisait. Il glissa son doigt sur l’armoire alors que le brun lui affirma que toutes les charges seraient comprises dans le loyer. Un autre bon point. Sortant de la chambre, il suivit McClain jusqu’à la deuxième chambre. Celle-ci était déjà aménagée comme une chambre d’enfants, ce qui était l’idéal pour Mark.

« C’est parfait ! Et pour ne rien vous cacher, je pense qu’elle restera comme telle. Une chambre pour enfant… »

Bon, il donnerait peut-être des tons un peu plus clair, rempliraient la pièce de peluche et autre jouet mais une grande partie du boulot était déjà fait. Jetant un œil par la fenêtre, il tourna la tête vers son interlocuteur. Il sourit, visiblement surpris de voir qu’il serait intéressé par ses services. Il n’avait pas encore vraiment discuté d’ouvrir une autre boîte ici voire même transféré leur compagnie jusqu’à Cork mais Mark ne voyait pas d’inconvénients à commencer à se faire connaître dans le coin. McClain devait connaître du monde, s’il louait des appartements. Lui donner sa carte serait un plus. Heureusement pour lui, il en avait toujours dans sa veste et il en sortit une qu’il lui tendit avec un sourire.

«Tenez ! Nous sommes normalement basés dans une petite ville, Lamerick comme il est écrit sur la carte mais je compte ouvrir quelque chose en ville ! Et ce serait avec plaisir, pour votre maison. »

Il n’avait même pas relevé le fait que McClain ait supposé qu’il ne prendrait pas l’appartement. A vrai dire, mis à part le fait que l’appartement se trouve au quatrième étage, il n’avait que peu d’inconvénients. Le propriétaire semblait être un mec sympa et pas trop enquiquineur. Il hocha la tête et mit ses mains dans les poches.

«Je ne vais pas cacher qu’il m’intéresse énormément ! C’est dans mes moyens, y a de la place, le quartier est sympa ! Non, je suis séduit ! Surtout s’il est disponible dés maintenant. Il n’y a personne d’autres sur l’affaire ? »

Autant se renseigner sur d’éventuels concurrents. Un petit bijou pareil, on ne devait pas en trouver dans toutes les rues de Cork.

:.. Oh, une chambre d’enfant, c’était chouette ça. Peut-être allait-il y avoir un nouveau copain pour Eanna un jour, ou une copine qui sait ? Enfin, on n’en était pas là. Byron avait la fâcheuse habitude de penser que sa fille pouvait trouver des copains et copines partout pour jouer calmement comme de mignons petits chérubins. A la longue, il se relevait quand même qu’elle avait comme tous les enfants des préférences et qu’elle n’était pas en reste pour faire des bêtises avec ses amis. Pas devant lui, bien sûr, parce que Byron faisait en sorte d’avoir de l’autorité mais bon… Ce n’était pas si simple d’éduquer une petite fille qu’il ne connaissait pas et qu’il n’avait pas vu grandir. Il imaginait vu que Mark n’avait pas parlé d’un co-signataire qu’il s’agissait peut-être d’un papa célibataire. Sachant ce genre de sujet sensible et surtout vu la manière dont Mark avait répondu lorsqu’il avait demandé les raisons de sa venue sur Cork, il ne fallait peut-être pas insister.

:.. Byron récupéra la carte en la regardant. Sobre mais efficace, c’est sûr que ça donnait envie d’appeler. Apparemment les « affaires » dont Mark avait parlé n’étaient pas si précises puisqu’il ne savait pas s’il y avait une antenne de prévue à Cork. Il en parlerait autour de lui. Byron n’avait pas un réseau énorme mais son avis avait du poids et il s’en rendait compte à chaque petit moment de sa vie. Il se disait d’ailleurs qu’il devrait répondre à cette proposition que lui avait envoyée encore ce matin le Daily Mirror pour une interview sur son futur roman. Ca le gavait déjà d’avance mais son éditeur le tannait pour qu’il réponde au moins à un des journaux nationaux. Il n’avait pas envie que tous les médias aient sa tronche et encore moins qu’ils débarquent à Cork… S’il avait un pseudo c’était bien pour quelque chose et même si sa tête était affichée sur le quatrième de couverture, la plupart des irlandais ne connaissaient pas plus que ça son visage. Lorsque Scotty lui demanda si l’appartement était pris l’écrivain sourit. Et regarda son téléphone.

- Bien vous êtes ma dernière visite aujourd’hui. Deux personnes sont intéressées pour le prendre mais dans un mois pour l’une et l’autre devait me rappeler aujourd’hui. Donc si vous le voulez maintenant : il est à vous. Il n’y a qu’à signer les papiers. Enfin, je ne sais pas si vous avez amené les documents nécessaires, c’est euh… : RIB, dernier bulletin de salaire, attestation de domicile et carte d’identité.

:.. Byron regardait sur son téléphone : qui lui sauvait la vie la plupart du temps pour énumérer les documents demandés. Il avait la mallette dans la cuisine avec les documents de l’état des lieux, le règlement de copropriété de l’immeuble et le contrat bien sûr. Rien de bien méchant. C’était d’ailleurs étrangement simple de faire emménager quelqu’un quelque part à bien y penser.

- Il n’y a rien à boire ici, tout est débranché pour le moment, mais si vous le prenez et que vous avez le temps bien entendu, je vous paie un coup dans un bar pas loin sympa que je connais !

:.. Notre jeune homme avait parcouru le monde entier et s’il y avait bien une chose qui unissait les hommes après la clôture d’un contrat c’était un petit verre ensemble. Et puis, il n’y avait pas de raison d’être formels non plus. Un emménagement c’était un évènement joyeux non ?

La présence de la seconde chambre était une condition non négligeable pour Mark et ce n'était pas du tout pour s'installer un bureau ou en faire une salle de musique. Il comptait bien un jour qu'Emily puisse y passer une nuit ou tout du moins, qu'elle ait un endroit à elle dans cet appartement. N'en déplaise à son ex, il finirait par lier un lien avec leur fille, aussi fort que le sien. Toutes les questions avaient trouvé leur réponse et Mark ne voyait pas vraiment ce qui l'empêchait de prendre l'appartement. Il ne lui resterait, après ça, qu'à régler les problèmes que son déménagement engrangerait dans son entreprise. Il avait bien vu qu'Angie et Andrew étaient un peu perplexes sur le fait d'ouvrir quelque chose à Cork. Ils n'étaient pas certains que leur bébé puisse survivre à un échec commercial mais Mark ne voulait pas choisir entre Emily et sa boîte. Et si le cas devait se faire, il allait être rapidement pris. Pour autant, l'appartement n'était pas encore à lui et il préféra se renseigner sur la concurrence. Il connaissait le milieu et son budget avait ses limites. Peut-être que son interlocuteur voudrait faire monter les enchères, il ne pourrait pas lui en vouloir. C'était le commerce. Sa réponse l'enchanta et il secoua la tête.

« Vraiment ? Mais c'est parfait ! J'ai justement tout ce qu'il faut ! J'ai toujours été un peu trop prévoyant mais là, c'est dans mon avantage. »

Il sortit sa mallette pour vérifier qu'il avait bien tout ce qu'il lui fallait. Normalement, il lui restait un RIB dans son chéquier. Retournant dans le salon, il commença à chercher les documents tandis que le propriétaire lui proposa d'aller boire un verre. Sortant une copie des trois derniers bulletins de salaires, ainsi que l'attestation de domicile, il sourit au brun.

« Voilà, j'ai ma carte d'identité et mon RIB dans mon sac. Et ce serait avec plaisir pour un verre, je ne connais pas très bien la ville. Ce serait l'occasion de découvrir un nouvel endroit. »

Et puis s'il venait effectivement à devoir rénover l'intérieur de leur maison, ce serait toujours un plus de connaître un peu ses futurs clients. Mark n'avait jamais eu de problèmes à se lier d'amitié avec les gens, il avait le contact facile ce qui était primordiale quand on faisait un métier comme le sien. Difficile de trouver des clients si on se montrait renfermé et à la limite de la politesse. Lui tendant sa carte d'identité ainsi que son dernier RIB, ils commencèrent à remplir les papiers, attablés sur la table du salon

« Vous êtes promoteurs immobiliers ou simplement un propriétaire isolé ? Parce que votre annonce était au milieu des différentes agences de la ville... »

Mark avait toujours été curieux, même si en l'occurrence, c'était plus pour nourrir une discussion avec celui qui deviendrait son propriétaire dans quelques minutes. Après tout, c'était dans son intérêt qu'il entretienne une bonne relation avec ce dernier, en cas de litige.

«D'ailleurs, comment ça se passe en cas d'accidents ? S'il y a besoin de remplacer la douche ou les toilettes ? Ce sera à votre charge ou à la mienne ?»

Encore une fois, il valait mieux être trop prévoyant que pas assez.

Finalement la journée allait bien se terminer. Il avait fini par trouver un appartement dans ses prix et qui lui plaisait. Une véritable aubaine pour Hellstorm qui allait se retirer une nouvelle épine du pieds en réglant ce soucis. D'ici demain, il quitterait l'hôtel pour s'installer ici. Et ce week end, il commencerait à réfléchir à comment aménager l'appartement. Il avait déjà quelques idées mais il appellerait certainement Angie et Andrew. Il n'avait pas vu ces derniers en chair et en os depuis qu'il était arrivé en ville et ce serait l'occasion de se revoir. Mais pour celà, il allait avoir quelques documents à remplir et à fournir. Heureusement, il avait prévu le coup, habitué à travailler dans le domaine. McClain semblait se plaire dans cette ville, de ce qu'il disait. Ce qui rassurait un peu Mark, qui avait perdu l'habitude de vivre dans une ville de cette taille. Il avait bien grandi à Dublin mais Lamerick était minuscule à côté de Cork.

« Ouais, je suis irlandais ! Les pubs, c'est un peu notre deuxième maison ! Dés notre plus jeune âge, on y accompagne notre père et on y boit notre première bière. »

Bon, lui il n'avait pas aimé, se tapant une honte monumentale lorsqu'il avait grimacé après avoir bu une gorgée du liquide. Les amis de son père avaient ri et lui, il s'était mis à rougir comme un idiot. Mark n'aimait pas l'alcool, buvait que très rarement en se forçant un peu. Scotty se foutait de sa tronche à l'époque à cause de ça mais Hellstorm assumait. Alors qu'ils commençaient à remplir les papiers, Mark interrogea le propriétaire sur d'éventuels autres biens et McClain commença à partir dans une longue explication, ce qui fit sourire Mark.

« SDF ? Et bien, vous vous en êtes bien sortis ! Et ne vous en faites pas, je ne comptes pas avoir de soucis ! C'est juste pour que les choses soient claires entre vous et moi... »

Il fallait éviter tout litige dés le début, c'était la base d'une bonne entente. Le brun vînt à lui proposer de faire l'état des lieux mais Mark avait plutôt envie d'aller se rafraîchir. Ils venaient de faire le tour de l'appartement et tout semblait parfait, à première vue. Rien de bien urgent...

« On peut faire ça plus tard, si vous voulez ! On vient de faire le tour et il ne semble pas y avoir de gros problèmes ! Par contre, je ne serais pas contre un petit verre dans votre bar. C'est moi qui offre, bien sûr ! Vous me sauvez la vie avec cet appartement... »

Il allait pouvoir se rapprocher de sa fille et c'était le plus important. Signant une dernière feuille, il la tendit à McClain et se releva. Attrapant sa veste, il rangea les quelques papiers superflus dans sa mallette et attendit que le brun soit prêt. Après tout, c'était lui qui connaissait le chemin.

:.. Byron se rappela la première fois qu’il avait fréquenté un bar à Sidney, oh, il avait bien 15 ans. Et ce n’était pas vraiment la même ambiance qu’ici. Dublin était plus belle que Cork, plus joyeuse mais ici on sentait les effluves profondes de l’Irlande et c’était plutôt sympa à voir. D’ailleurs les irlandais étaient des personnes sympathiques en général, ce n’était pas le cas partout. Quoiqu’en cherchant bien, on finissait toujours par trouver des gens serviables et ouverts.

:.. La remarque sur le fait qu’il ait été SDF fit sourire Mark. L’ascension vers le succès avait été fulgurante il ne pouvait pas dire le contraire. Lui qui ramait avec le rien du tout que ses parents avaient pu lui donner. Le billet d’avion pour l’Irlande et débrouille toi. La vie n’épargne personne. Heureusement ça avait plutôt bien tourné pour lui. Mais ce n’était pas le cas de tout le monde. D’ailleurs il ne demandait parfois s’il ne rêvait pas : une fille adorable, un boulot passionnant et libre, une femme indépendante et forte qu’il aimait à la folie, un bébé en route. Parfois son propre bonheur le laissait suspicieux. M’enfin, il n’allait pas s’en plaindre non plus.

:.. Il ne répondit pas à la remarque de Mark sur son chemin parcouru, après tout il ne lui avait posé aucune question mais Byron appréciait la politesse de cet homme. Ce n’était pas du tout certain mais il pourrait peut-être même s’en faire un ami peut-être. Même si l’homme paraissait du genre à ne pas faire trop de vagues, il avait un sens du contact qui le rendait agréable et notre jeune écrivain se dit qu’il devait en jouer pour son travail, mais sans doute aussi pour séduire. Un beau jeune homme comme ça devait faire plier les cœurs…

- Très bien ! Allons-y alors !

:.. Sauver la vie, quand même pas. Sauf s’il était SDF mais ce qui ne semblait pas être le cas au vu des derniers bulletins de salaire du jeune homme. Il vérifia les documents pour voir que rien ne manquait. Il lui ferait des photocopies puis lui rendrait aussi vite que possible. Il enferma tout cela dans sa sacoche. Il se leva et alla enfiler son manteau. Avant de fermer, il donna les clefs du foyer à son nouveau locataire.

- A toi l’honneur

:.. Lui dit-il avec un grand sourire en se permettant de le tutoyer. Bah, il lui avait dit de l’appeler Mark hein… Et puis ils allaient boire un coup ensemble. Ce n’était pas le moment de faire de chichis. Il ajouta pour expliquer le poids au trousseau.

- Y’a 3 doubles de clefs et deux clefs de boite aux lettres sur le trousseau !

:.. Il alla appeler l’ascenseur. Allez moussaillons ! Allons nous découvrir dans la bière !