you're a not alone

Ma psychologue m'avait dit qu'il faudrait peut être que je pense à vider la chambre de Elsa. Elle m'avait proposé de faire un peu de tri mais je n'arrivais pas à me faire à cette idée. Cela voulait dire que je voulais vraiment passer à autre chose, que je voulais vraiment redevenir moi même... D'un côté je me sentais prête mais de l'autre... J'avais peur de l'oublier. J'avais peur d'oublier que j'aurai du avoir une fille. J'avais peur que Martin me dise de m'en aller si j'allais mieux. J'avais écouté ma psychologue sans rien lui promettre. J'étais sortie de son cabinet pour me rendre à ma leçon de conduite journalière. J'avais encore beaucoup de mal à ne pas trembler quand je prenais la voiture mais j'étais heureuse de pouvoir reconduire sans avoir une crise de nerf. De plus, je pensais que Martin serait fier de moi quand il l'apprendrait. J'étais rentrée chez moi ce soir là, j'avais cuisiné le plat préféré de Martin, j'avais couché Julian, je lui avais lu une histoire et j'étais allée me coucher sans accorder un regard ou un geste tendre pour mon époux. Je m'en voulais énormément de le laisser ainsi loin de moi. Je me promettais d'aller vers lui dès le lendemain. Je me promettais de redevenir une bonne femme pour lui. Je voulais redevenir une bonne mère. Je voulais vraiment cela de tout mon cœur. Je m'endormais l'esprit plus apaisé après cela. Cependant au cœur de la nuit je me réveillais en sursaut comme toutes les nuits depuis l'accident. J'étais en sueur. Je me tournais vers Martin. Pour une fois, je ne l'avais pas éveillé. Je le regardais un moment, je pleurais quelques minutes avant de me rallonger dans le lit et de me caler tout contre lui. Je respirais un peu son odeur avant de me rendormir pour cette fois ci une nuit sans cauchemars. Le lendemain matin, je me réveillais tout en douceur et je tendais mon bras pour trouver la présence de mon époux cependant je ne sentis rien. Je me redressais dans le lit et je regardais l'heure. Il était dix heures. Je n'avais pas dormi aussi longtemps depuis des semaines. Je me levais et je regardais dehors. Julian était en train de jouer tranquillement avec son ballon de rugby dans le jardin en ce dimanche ensoleillé. Je souriais tendrement avant de lui faire un signe de main.

« Où se trouve ton père Jul' ? »
« Dans la chambre du bébé maman ! »

Je perdais un peu mon sourire mais je renvoyais le baiser que m'envoyait mon fils dans un souffle. Je souriais un moment avant de m'habiller. Je mettais un pantalon slim et un large pull qui me tombait sur une épaule. Je me faisais une queue de cheval et je sortais de la chambre sur la pointe des pieds pour essayer de retrouver mon mari. Je me stoppais devant la porte de la chambre d'Elsa. Cela faisait maintenant une semaine que je n'avais pas été la voir au cimetière et pour une fois je ne me sentais pas du tout fautive. Je prenais une grande inspiration et j'ouvrais la porte tout doucement. Il était là devant moi, tenant fermement entre ses doigts l'ours en peluche qui aurait du servir de doudou à notre fille. Ce qui me fit le plus de mal ce fut les larmes dans ses yeux. Je m'approchais de lui et je ne le prenais dans mes bras avec une tendresse que je n'avais pas eu envers lui depuis deux mois. Je le serrai contre moi, sentant mon cœur se crever. Je l'avais abandonné. Il souffrait. Comment n'avais-je pas pu le voir avant ? Je glissais mes bras autour de son cou et je l'embrassais du bout des lèvres – geste que je n'avais eu depuis longtemps. Je le regardais un instant dans les yeux.

« Je suis désolée Martin... J'ai été égoïste... Je... »

Je posais ma main sur sa joue.

« Je t'aime... Je vais changer je te le promets pour toi.. »

Je le regardais les larmes aux yeux. Pourquoi n'avais-je pas pu voir sa peine avant ce jour ? Je m'en voulais tellement.

« Pardonne moi de t'avoir abandonné... Je suis désolée mon amour... »

Je fermais les yeux, des larmes coulèrent sur mes joues tandis que j'enfouissais mon nez dans son cou. J'allais le perdre. Je le sentais au plus profond de mon cœur. Je le perdais un peu plus chaque jour.