CÉLIA & LYDIA

Me remettre de la pseudo-rupture avec Caitlin avait été quelque chose de particulièrement difficile pour moi. Enfin, ça l'était toujours. Et on ne pouvait pas tellement parler d'une rupture, étant donné que nous n'avions jamais été un couple. C'était peut-être ça le plus triste, je pleurais une relation qui n'avait jamais existé. Des fois, j'avais envie de me moquer de moi-même tellement j'étais pathétique. Et de me foutre de claques, juste après. Mais c'était comme cela, je n'arrivais pas à sortir cette belle blonde de mon esprit et je commençais à croire qu'elle ne reviendrait jamais. C'était sûrement le cas et je l'avais su dès le début, mais je n'avais jamais réussi à me faire à l'idée quand même. C'était donc pour me changer les idées que j'avais pris la décision d'aller faire un petit tour dans le parc, espérant que cela allait me changer les idées. Je n'étais pas aussi sûre que cela que ça allait fonctionner, en principe je me mettais sur ma moto et j'avalais les kilomètres à toute vitesse. Mais je n'étais pas sûre que cela soit une bonne idée, désormais.

J'étais en train de me promener, les écouteurs vissés sur mes oreilles avec de la musique à fond, lorsque je reconnus une silhouette que je connaissais plutôt bien. Pas parce que je la côtoyais tous les jours, mais parce que je l'avais vue de manière plutôt... rapprochée. Une soirée, de l'alcool, et nous avions terminé dans le même lit. Dans mon lit, pour être exacte. Elle s'appelait Célia, elle était blonde et je devais bien avouer qu'elle avait un petit quelque chose qui m'avait plu. J'avais toujours eu un truc particulier pour les blondes, de toute manière. Cependant, malgré notre nuit qui s'était très bien déroulée, j'avais eu la surprise de ne pas la voir le lendemain matin. Mademoiselle avait pris la poudre d'escampette, sans demander son reste ou même me laisser de petit mot. Et, voyant qu'elle cherchait à éviter tout contact, même un échange de regard, je ne pus m'empêcher de m'approcher d'elle. Enlevant les écouteurs de mes oreilles, je me rapprochai d'elle jusqu'à me retrouver à sa hauteur.

« Salut » fis-je simplement en me trouvant à ses côtés. « Contente de voir que tu n'es pas morte sous mon lit ou que tu n'es pas passé par le conduit de la douche » fis-je avec un petit sourire malicieux.

CÉLIA & LYDIA

Je n'étais pas vraiment du genre à mettre les gens mal à l'aise encore plus qu'ils ne l'étaient déjà, mais je devais bien avouer que j'étais d'humeur taquine. Et puis Célia m'avait quand même laissé tomber comme une vieille chaussette, il ne me semblait pas qu'elle avait trouvé ma prestation aussi piètre que cela, lorsque nous nous étions trouvées dans le même lit. Son bonjour me fit arquer un sourcil alors qu'un petit sourire en coin s'afficha sur mes lèvres. J'étais amusée oui, plus que vexée. Et heureusement, cela m'aurait empêchée de m'amuser autant qu'actuellement. Je ne savais pas vraiment si c'était dans ses habitudes de coucher avec des filles, finalement. « Depuis qu'on a partagé le même lit? Je vais bien merci » répondis-je sans ne plus réprimer mon sourire amusé. « Et toi? »

Et je crois que le plus drôle dans toute cette histoire était de voir que la demoiselle cherchait à se justifier sans même que j'ai à lui poser la moindre question. Avait-elle peur que je l'interroge? Ou peut-être que c'était mon côté impressionnant, je ne savais pas trop « La vodka est connue pour nous faire perdre la tête » confirmai-je avec un petit sourire. J'avais toujours mes bras croisés sur ma poitrine, et je devais bien avouer que j'étais complètement à l'aise. Contrairement à la pauvre Célia. Qui était toujours aussi blonde et toujours aussi jolie. L'alcool pouvait donner mal au crâne, mais elle n'avait pas altérer ma vue ce soir là. « D'ailleurs je trouve que je devrais m'appeler Vodka » ajoutai-je avec un sourire toujours autant amusé. La pauvre, je n'étais vraiment pas très gentille, mais si elle n'avait pas eu autant de mal à cacher son malaise, j'aurais sans doute résister à l'envie de la taquiner à ce point. « Alors? Quoi de neuf? » demandai-je en la regardant avec intérêt. Je me souvenais très bien pourquoi et comment elle avait attiré mon attention, et cela fonctionnait une nouvelle fois. Elle avait ce visage d'ange innocent, comme Caitlin, mais je devinais sans mal qu'il y avait plus que ça là derrière.

CÉLIA & LYDIA

Je savais que je ne devrais peut-être pas être ainsi taquine avec Célia, mais en même temps c'était elle qui s'était enfuie sans me donner la moindre explication concernant sa disparition. J'aurais parfaitement pu avaler un "c'était une erreur" au petit matin, mais après autant de temps, je trouvais cela particulièrement bizarre de la voir mal à l'aise. Du coup, je n'hésitais pas à la pousser dans ses derniers retranchements pour voir ce qu'il en était vraiment. Je pourrais m'en ficher complètement, mais c'était loin d'être le cas. Parce que Célia m'avait beaucoup plu et il me semblait qu'elle n'avait pas vraiment refusé très longtemps mes avances. Je n'avais même pas eu à pousser mes talents et mes sourires pour qu'elle succombe. Et l'alcool avait bon dos, je ne pensais personnellement pas qu'il nous poussait à faire n'importe quoi. Plutôt à nous enlever les quelques doutes qu'on pouvait avoir. Ainsi, quelqu'un qui trompait sa copine sous l'alcool était tout simplement un infidèle de nature. Sa réponse était un peu sèche, concernant ma petite blague maison sur la vodka, qui faisait perdre la tête et qui devrait être mon second prénom. Mais cela me fit plus sourire qu'autre chose.

Cependant mon sourire s'effaça bien vite à sa phrase suivante. Je vous l'avais dis, mon regard et mon intérêt avaient été accrochés par Célia, parce qu'elle ressemblait à Caitlin. Mais apparemment, elle y ressemblait trop. J'eus une nouvelle fois le droit au fameux "Ne m'approche pas, j'ai besoin de testostérone et d'un appareil génital masculin". Et je devais bien avouer que c'était blessant. Je sentis ma mâchoire se contracter sans que je ne lui demande de rien faire, clairement déstabilisée voir carrément blessée depuis le début de notre entrevue. « Je vois » marmonnai-je donc simplement en détournant mon regard quelques secondes sur un couple qui passait à nos côtés, en pleine séance de jogging. Avant de demander à Célia ce qu'il y avait de neuf dans sa vie. Apparemment la demoiselle travaillait était juste en pause. D'ailleurs, ça me rappelait que je ne savais pas ce qu'elle faisait dans la vie. « Tu fais quoi dans la vie? » Si elle avait besoin de se changer les idées, j'estimais que c'était parce que son métier n'était pas de tout repos, d'où ma question. « Rien de spécial, j'avais juste envie de prendre l'air » répondis-je lorsqu'elle me retourna la question. « Je n'ai pas grand chose à faire, ces derniers temps. » Bon je devais préparer ma grossesse et l'arrivée de mon bébé, dont j'avais parlé récemment à Gemma. Depuis le temps que j'attendais son arrivée à celui-là... Mais bizarrement, je ne voyais pas en quoi cela pouvait bien intéresser Célia. J'avais toujours été seule dans ma vie, et je comptais bien tout faire pour que mon bébé ne manque de rien dans sa vie. Sans avoir l'aide de personne. Et de toute manière, j'étais enceinte que de six semaines.

CÉLIA & LYDIA

Rester impassible quand quelque chose me faisait réagir intérieurement était quelque chose de particulièrement difficile pour moi, cela devait venir des mes origines latines. Ou de mon caractère qui faisait que je n'avais pas peur de dire les choses directement et franchement, même si cela me jouait des tours quelques fois. Les gens semblaient avoir du mal avec la franchise, bien qu'il fallait bien avouer que je ne prenais pas toujours des gants pour dire ce que je pensais. Mais à mon avis, une vérité énoncée valait toujours mieux qu'un mensonge qui blesserait de toute manière quand il serait découvert. Mais Célia ne semblait pas remarquer à quel point ses mots avaient pu me blesser, ou en tout cas elle ne chercha pas à commenter. Et c'était mieux comme cela, pour toutes les deux je crois. En tout cas, mon envie de la taquiner et de jouer la maline avaient disparu en un claquement de doigts. Je lui demandai donc ce qu'elle faisait dans la vie, et elle m'expliqua qu'elle travaillait en tant que masseuse dans un SPA. Assez huppé, si mes souvenirs étaient exacts. « De nom, seulement... Je n'ai malheureusement pas tellement les moyens de m'y rendre » avouai-je en haussant les épaules. Maman de jour au chômage, ça ne faisait pas gagner des milles et des cents. Et son métier de serveuse de nuit dans un bar glauque non plus. D'ailleurs, Célia la questionna par la suite pour savoir ce qu'elle faisait, et la latine hésita à répondre. « Je... Normalement je travaille en tant que maman de jour, mais actuellement je suis serveuse de nuit dans un bar. L'Underground, tu connais? » Alias le bar le plus mal famé des environs, mais elle n'avait pas tellement le choix. Heureusement que sa mère n'était plus là, la pauvre aurait une attaque.

Croisant mes bras sur ma poitrine pour me protéger de la brise qui s'était levée, je reportai mon attention une nouvelle fois sur elle lorsqu'elle me demanda mon prénom. Avais-je été aussi insipide que ça? Mais, si sa question m'étonna, je ne fis aucune remarque ou réflexion. Je me contentai d'arquer un sourcil suspicieux, puisqu'elle l'avait prononcé un nombre incalculable de fois, mon prénom, si vous voyez ce que je veux dire. « Lydia » répondis-je donc simplement. « Dis donc tu ne tiens pas vraiment l'alcool hein, tu ne m'avais pas l'air aussi ivre que ça... » Une simple remarque qui n'était aucunement méchante, plus une constatation que je faisais à haute voix. Je l'avais observée durant une bonne partie de la soirée, et je savais que même si elle avait bu de l'alcool, elle n'avait pas enchaîné les verres non plus.

CÉLIA & LYDIA

Je n'aimais pas spécialement me plaindre sur ma vie financière, d'autant plus que dans le fond j'avais plusieurs milliers d'euros qui dormaient à la banque. Mais que je refusais d'utiliser, puisqu'il s'agissait de l'héritage de ma mère. Je n'avais cas me démerder toute seule. Il était donc hors de question que je me rende dans un SPA de grand luxe, mais je fus agréablement surprise de la proposition de Célia. « Oui, ça serait cool » répondis-je donc en lui offrant un grand sourire. En espérant qu'elle ne me fasse pas le coup du "je ne te connais pas" une fois que je me présenterais à la réception. J'avais plusieurs questions à poser à Célia que je n'avais pas pu lui poser lors de la fameuse soirée, à commencer par l'endroit d'où elle venait. Ou où elle se trouvait ces derniers temps, puisque je ne l'avais jamais croisée ici depuis que j'étais arrivée. Et cette question me revint en tête lorsqu'on parla du bar dans lequel je travaillais, presque malgré moi. Elle le connaissait de nom, et c'était ce que je pensais. Je l'aurais remarquée avant si elle s'était pointée à l'Underground. « Crois-moi, continue de seulement en entendre parler » fis-je en levant les yeux au ciel. Si mon patron m'entendait je me ferais sans doute virer, mais tant pis. « Ca ne fait pas longtemps que tu es à Cork, si? » demandai-je pour satisfaire enfin ma curiosité.

Je lui redonnai mon prénom, qu'elle avait pourtant apprécié l'autre soir. Un petit sourire en coin s'afficha sur mes lèvres, avant que je ne lui réponde. « C'est dommage que tu l'ai oublié, il t'avait pourtant bien plu la dernière fois » fis-je remarquer avec amusement. Je lui fis également la remarque qu'elle ne tenait pas tellement l'alcool, étant donné qu'elle n'avait pas beaucoup bu lors de cette soirée-là. Elle utilisa la fatigue comme excuse, que je trouvais particulièrement petite, mais je ne fis aucun commentaire. Vu comment elle m'avait ramassé en me rappelant malgré elle mon histoire avortée avec Caitlin, il valait sans doute mieux que je ne la pousse pas trop dans ses derniers retranchements. Du moins pour l'instant. « Tu n'étais pas insupportable » répondis-je en souriant. « Plutôt joyeuse et... entreprenante. » Parce que oui, on s'était envoyée en l'air, je ne l'avais pas soulée avant de vouloir abuser de son corps. Aussi beau soit-il. « On avait bien rigolé, avant de passer aux choses sérieuses » ajoutai-je par la suite. « Mais sérieux, tu te souviens de rien du tout? » Au lieu de jouer le jeu du non-dit, autant poser la question directement. Après tout si elle souhaitait me mentir rien ne l'en empêcherait, même si j'en doutais fortement.

CÉLIA & LYDIA

J'étais curieuse d'en savoir plus sur Célia, et qu'elle réponde aux questions que je n'avais pas pensé de lui poser le soir où nous nous étions rencontrés. Bon je n'avais pas bu que de l'eau non plus, et je crois que mes questions s'étaient arrêtées à son prénom, son âge et si elle était célibataire. Parce que oui, j'évitais de toucher aux personnes en couple, j'avais quand même un certain honneur et des valeurs auxquelles je tenais. J'écoutai donc la réponse de Célia avec attention, avec un petit sourire. « Cool. Des études de quoi? » demandai-je histoire d'en savoir un peu plus. Après tout, toute information était bonne à prendre sur quelqu'un qui vous intéressait et qui vous avait tapé dans l'oeil non? Je ne savais pas exactement si c'était parce que Célia avait quelque chose qui me faisait penser à Caitlin, mais il y avait un truc spécial chez elle que j'aimais beaucoup. Cela ne comportait cependant pas sa crise d'amnésie concernant notre soirée passée ensemble, je vous rassure tout de suite. Je lui demandai d'ailleurs si elle n'avait vraiment aucun souvenir, avant qu'elle ne m'assure une nouvelle fois d'avoir que quelques vagues flashs. « Je te le souhaite » répondis-je avec un petit sourire amusé. Aucune moquerie ou envie de la taquiner de ma part, pour une fois. Mais c'est vrai que nous avions passé un bon moment. « J'ai passé une excellente soirée oui... » Autant en ce qui concerne la partie avant de passer sous les draps que celle pendant. « Dommage que tu ne puisses pas me dire si ça a été ton cas » ajoutai-je en haussant les épaules. C'était toujours une information qu'on aimait avoir, et j'avoue que j'étais curieuse de savoir ce que Célia avait pensé de ce moment.

Sa proposition me prit complètement au dépourvu, et ma surprise dut se lire sur mon visage. Il me fallut d'ailleurs une ou deux secondes pour répondre. « Oui... oui ça serait bien » répondis-je donc en souriant. « Et on évitera l'alcool pour que tu ais un souvenir de la soirée cette fois » ajoutai-je en rigolant. « Mais je peux peut-être t'offrir un chocolat chaud maintenant? Il y a un stand de boissons chaudes là-bas » Je désignai le stand en question d'un signe de tête. Je prenais une boisson dès que je venais dans ce parc, le vieil homme qui les vendait me faisait un peu pitié à rester ainsi dans le froid. « Viens » Sans réellement attendre la réponse de Célia, je l'entraînai avec moi en posant une main dans le creux de son dos. Si elle me repoussait, je pouvais toujours dire que c'était une habitude qui me venait de mes origines latines, après tout les gens étaient connus pour être assez tactiles par là-bas. Ce que j'étais, d'ailleurs.