« Hayden ? Qu’est-ce que tu fais ? » Je venais de rentrer de l’hôpital, après ma séance de traitement journalière. Cela durait depuis presque deux mois et, petit à petit, je sentais mes forces disparaitre et la fatigue se faire toujours plus présente. Je savais que ce traitement n’aurait aucun effet, pourtant je m’accrochais à l’infime espoir que peut-être, je pourrais survivre. Même après avoir reçu l’avis de plusieurs spécialistes qui étaient tous du même avis et me voyaient morte dans quelques mois. Et pendant que je déclinais lentement, je tentais de profiter pleinement du peu de temps qu’il me restait. Mon médecin m’avait conseillé de préparer tous mes proches à mon départ prochain, ainsi que moi-même. Il m’avait dit, je cite « de faire mes adieux ». J’avais trouvé ça horrible sur le coup, mais je me rendais compte désormais qu’il n’avait pas tort. Seulement voilà, personne ne semblait l’accepter, et surtout pas Hayden. Hayden qui à l’instant même rangeait tous ses vêtements dans une grande valise posée sur notre lit. « Hayden ? » Je m’étais approchée et je venais de poser une main sur son bras lorsqu’il se retourna et me repoussa violemment. Choquée par son geste, je restais en retrait quelques secondes, tandis qu’il recommençait à empiler ses vêtements dans la valise. Je n’arrivais pas à saisir. Ça ne pouvait pas être ce que je pensais… « Hayden, arrête… » Il ne m’écouta pas, ne tourna même pas la tête dans ma direction. Je savais que l’annonce de ma mort prochaine l’avait profondément choqué. Après tout, nous avions tellement de projets tous les deux. A commencer par un mariage et des enfants. Car j’adorais les enfants et j’aurai tellement voulu pouvoir donner la vie. Malheureusement… Je chassais ces pensées de mon esprit et me reconcentrait sur l’homme de ma vie. Oui, cette annonce l’avait fait souffrir et j’avais bien vu que depuis quelques semaines, il avait commencé à devenir plus froid, plus distant. Il évitait de croiser mon regard, ne me touchait plus. Je pensais que ça lui passerait. Apparemment je m’étais trompée. Et pendant que je réfléchissais, il avait terminé de boucler sa valise et la tenait à la main. « J’aurai aimé que ça se passe autrement Kat’, vraiment. » Non… Il ne pouvait pas me faire ça, pas maintenant, pas avec ce que je traversais. J’avais besoin de lui pour survivre encore le peu de temps qu’il me restait, j’avais besoin de lui pour me montrer forte. Je tentais de retenir mes larmes, en vain. « S’il te plait, ne fais pas ça… Reste. » Il secoua la tête, une lueur de colère brûlant désormais dans son regard. « Et te regarder mourir ? Jamais ! » Je m’approchais, cherchant à me raccrocher à lui pour l’empêcher de me quitter. Je devais probablement avoir l’air d’une pauvre fille désespérée. Et je l’étais, je l’étais vraiment… « Ne m’abandonne pas… » D’un geste il me repoussa une nouvelle fois et, une nouvelle fois, je revins à l’assaut. « Lâche-moi ! » Soudainement, ma joue me brûla, tandis que je réalisais ce qu’il venait de faire. Il n’avait jamais levé la main sur moi. Jamais… C’est à cet instant que je lâchais totalement prise. M’écroulant simplement sur le lit, je me recroquevillais sur moi-même, en position fœtale, et je laissais mes larmes couler librement tandis qu’en bas, j’entendais la porte claquer.