Je m’étais montrée très entreprenante avec lui ce soir, chose que je n’avais jamais faite auparavant. Je savais parfaitement ce que je voulais, et il semblait avoir remarqué que j’avais une idée en tête. Pourtant il n’avait rien fait pour m’arrêter. Jusqu’à maintenant. « Tu es bizarre ce soir Kat’… » Étant assise sur ses genoux, je me retournais pour lui faire face et le regarder. Il me connaissait trop bien. En même temps, après des années à se côtoyer, il était normal qu’il me connaisse sur le bout des doigts. J’étais sa meilleure amie. Il savait lorsque je mentais, lorsque j’étais heureuse, en colère, triste, ou encore lorsque je voulais quelque chose. Et justement, là, j’attendais quelque chose de lui. Je savais parfaitement qu’il ne pouvait rien me refuser et je comptais là-dessus. Prenant mes airs les plus suppliants, je venais me lover contre lui. « Toi, tu veux quelque chose… » Il poussa un soupir mais, même sans le regarder, je savais qu’un sourire avait naquit à la commissure de ses lèvres. « Ok, dis-moi tout ! » Je me redressais prestement et prenais mon air le plus sérieux possible, plongeant mon regard dans le sien. « Et bien… C’est tout de même assez délicat. » Oh oui ça l’était. Et c’était vraiment étrange de demander ça à son meilleur ami. Mais ma décision était prise et je ne comptais pas faire marche arrière. « Hum hum, explicite ? » Je passais une main dans mes cheveux, ne sachant pas vraiment comment lui dire ça. « Est-ce que… Est-ce que tu pourrais me faire un enfant ? » Je cru qu’il allait s’étouffer en entendant ma requête. « Tu plaisantes j’espère ?! » Non, je ne plaisantais pas, je n’avais jamais été aussi sérieuse de toute ma vie. Je désirais un enfant plus que tout et je savais que c’était le bon moment pour en avoir un, malgré mon jeune âge. Après tout, je n'avais que vingt-trois ans. Mais la vie me souriait de nouveau ! Et je voulais pouvoir donner la vie avant qu’on me prenne la mienne. Mes médecins m’avaient interdit de tomber enceinte lorsque je leur en avais parlé, prétextant que ma santé était encore beaucoup trop fragile. Et ils avaient trouvé tout un tas d’arguments pour tenter de me faire changer d’avis. Je savais quels étaient les risques. Dans tous les cas je pouvais mourir. Et si je mourrais, je laisserai un orphelin derrière moi. Oui, j’étais consciente de tout ça. Et je savais que ma décision était terriblement égoïste envers l’enfant qui viendrait au monde, si jamais il m’arrivait quoi que ce soit. Mais peu m’importais. Je voulais être mère. Et je le deviendrai, quoi qu’il m’en coûte. « Non, je ne plaisante pas Nate. » Il fallait qu’il accepte. Je voulais que ça soit lui et personne d’autre. « S’il te plait… J’ai besoin que tu fasses ça pour moi. » Doucement, il me poussa de ses genoux et je me laissais tomber sur le canapé à côté de lui. « Est-ce que tu rends compte de ce que tu me demandes de faire Kat’ ? Tu es ma meilleure amie ! » Oui, je savais tout ça. Je savais aussi que ça pouvait paraître bizarre étant donné qu’il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre Nate et moi, tout avait toujours été parfaitement clair. « Nate, je pourrais mourir n’importe quand si ma tumeur se manifestait à nouveau ! Je n’aurai peut-être pas le temps de me trouver un nouveau compagnon et de fonder une famille avec. S’il te plait… Fais ça pour moi. » Je le suppliais du regard, mais il semblait inflexible. « Je veux pouvoir être maman… » Dans mes yeux brillaient désormais des larmes et je savais que Nate ne pourrait pas résister à ça. Non, je ne pleurais pas pour le faire craquer, je pleurais car j’avais peur que sa réponse ne change pas. « Kat’ je… Je ne peux pas. Vraiment, j’aimerai t’aider. Mais c’est trop. C’est au-dessus de mes forces là. » Il me prit dans ses bras et m’attira contre lui. Je restais là, sans bouger, sans rien dire, bien trop déçue. Je ne voulais pas faire appel à un donneur anonyme, ça aurait paru encore plus bizarre. Je voulais connaître le père de mon futur enfant et je voulais que celui-ci ait la chance de le connaître, même si nous ne formions pas un couple. Mais ma seule chance venait de s’envoler. Enfin… C’est ce que je pensais. Alors que nous étions tous les deux l’un contre l’autre depuis plusieurs minutes, à ne rien faire d’autre que d’écouter nos respirations, il se pencha soudainement vers moi pour m’embrasser, me poussant sur le canapé. Quelques minutes après il était sur moi et me déshabillais sauvagement…