Les cours de théâtre avaient déjà commencé depuis quelques temps, je le savais, mais il était encore temps pour s’inscrire et faire partie de la troupe. Cherchant une activité qui me soit utile et qui me plaise, j’avais opté pour cela. En plus, les cours étaient le soir, et c’était bien pratique, moi qui travaillait du matin au soir, et qui n’avait rien d’autre à faire à part dormir. Mon psy m’avait encouragé dans cette démarche, me disant que le théâtre permettrait de faire ressortir mes émotions qui me rongeaient. J’en avais bien besoin, c’est vrai. Mais ce n’était pas les seules raisons. J’avais vraiment besoin d’apprendre à jouer la comédie...

Le cours se terminait et il répondait fortement à mes attentes. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas éclaté à faire quelque chose en dehors de ma ferme et ce n’était pas peu dire ! Je n’avais jamais mis les pieds sur les planches et pourtant je m’étais tout de suite senti en confiance…

Pendant que les autres élèves rassemblaient leurs affaires, je pris la décision d’aller remercier le professeur. Après tout, c’est aussi grâce à lui que ce cours était intéressant et qu’il donnait envie d’y revenir. Puis je préférais lui expliquer mon cas, que j’étais un novice et, par curiosité, vu que j’étais absent aux premiers cours, je voulais savoir ce qu’il attendait de cette troupe.

Je sautais de la scène et me dirigea vers lui. Je n’étais pas doué pour les premiers contacts, mais il fallait bien commencer quelque part. « Merci prof, c’est super pour ma première fois ! Je m’appelle Aaron au fait… » Je n’avais pas eu l’occasion de me présenter pendant le cours, et puisque nous avions juste fais des exercices d’interprétation et de préparation, j’en n’avais pas eu l’occasion.

:.. Le cours c’était très bien passé. Nous étions au cinquième cours depuis le début de l’année scolaire et encore des gens venaient pour s’inscrire. C’était toujours un plaisir que d’accueillir de nouvelles tête. D’ailleurs ces temps-ci, Dean ne savait pas où en donner, de la tête. Il était partout au même moment. Il avait des envies de souffler et d’envoyer balader pas mal de choses. Il avait voulu vivre sa vie à fond et puis il s’essoufflait. Les cours de théâtre étaient pour lui une respiration dans sa semaine. Parce que pas de copies à corriger, pas d’articles à lire, pas de comptes et de chèques à signer. Il avait d’ailleurs commencé à négocier son départ président de l’association de théâtre qu’il occupait depuis deux ans.

:.. Le cours c’était très bien passé. Les gens étaient motivés et fous, ils avaient envie de faire et de bien faire. De parler et d’exprimer, de lâcher prise. D’ailleurs c’était le maître mot de ses cours : lâcher prise, retrouver l’animalité qui sommeille en soi, redevenir un enfant et s’affranchir des règles le temps de deux heures. Et puis forcement créer une cohésion de groupe, une amicalité entre les membres et augmenter la capacité d’empathie et de ressenti de chacun. Ils avaient travaillé en groupe sur des thèmes d’improvisation donnés et des préparations de mise en scènes sur ces mêmes sujets. Dean avait fini en donnant une page de texte à tout le monde à apprendre pour les prochaines fois afin de travailler ce qu’ils avaient vu avec la contrainte du texte.

:.. A la fin du cours, pendant que Dean rangeait ses affaires il vit un des élèves venir vers lui. Il s’était bien débrouillé pour son premier cours. Mais Dean avouait qu’il n’avait pas retenu son prénom. Les prénoms ce n’était pas toujours simple à retenir dès les premières fois, heureusement le jeune homme se présenta. Ahah, prof, peu de personne l’appelait comme ça. C’était Dean pour la plupart des gens. Mr Scottman pour ses élèves de lycée.

- Merci à toi ! Je suis content que ça t’ai plu ! J’espère te revoir la semaine prochaine donc, Aaron !

:.. Certains élèves partaient et ne revenaient jamais. Cela arrivait, pourtant le théâtre avait quelque chose de magique (comme la pratique de certains sports) c’est qu’on en sortait souvent plus en forme qu’on y rentrait. La fin des cours débordait souvent d’une énergie nouvelle et d’une envie créatrice. Enfin c’est ce que Dean avait toujours ressenti. Ce n’était peut-être pas le cas pour tout le monde.

Dean était aussi agréable à la fin du cours que pendant. C’est vrai que parfois, on pouvait se retrouver confronter à des professeurs, qui, une fois leur boulot fait et les deux heures passées se coupaient totalement de ce qu’il venait de faire jusqu’à la séance prochaine, sans même faire attention aux attentes des élèves. J’étais plutôt du genre à penser que l’apprentissage est un processus latent, et qui, donc, ne laisse pas de place au repos. J’avais l’impression que Dean pensait comme moi, au vu de sa réponse enjoué et engagé. Evidemment, ça me donnait encore plus envie de rester dans cette troupe.

« Je serai bien là… J’ai bien aimé la séance, mais je reconnais que je suis encore plus excité à l’idée d’apprendre un texte… Je suppose qu’on verra réellement comment se débrouille chacun à cette étape, et surtout ceux qui ont des aptitudes… » Je baissais un peu la voix à la fin de ma phrase. J’espère vraiment que je serai bon, ma vie en dépendait presque. A la longue, je ne pourrais pas garder mon secret d’envie de meurtre éternellement. Parfois dans des situations délicates, il fallait que je compte sur mes talents de comédiens pour rebondir, et ce n’était pas toujours facile. Je plaçais beaucoup d’espoir dans ces cours, et surtout, en ce professeur, Dean.

« J’espère juste avoir le temps de l’apprendre, avec le boulot, la famille… » C’est vrai que la ferme me prenait beaucoup de temps, surtout depuis que je devais presque tout reprendre depuis mon retour du Brésil. Retour accompagné de Lucio qui me prenait encore plus de temps que la ferme. Mais même si je ne maitrisais pas totalement le texte, il fallait que je mise tout sur l’interprétation, bien que je n’avais aucune base.